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Photo du rédacteurSilent Explorers

Vivenda Penas

En découvrant nos photos, nombreuses sont les personnes qui s’étonnent qu’un lieu soit abandonné en étant si meublé, si chargé en intimité, si vivant… Nous qui connaissons l’envers du décor savons que derrière le cliché impeccable se cachent souvent un plancher vermoulu, un monticule d’ordures ou encore un trou béant limitant nos mouvements. Pourtant, en pénétrant dans cette Vivenda Penas située au Portugal, nous avons nous-mêmes eu le sentiment d’être chez quelqu’un qui pouvait faire irruption à tout instant. La faute aux nombreux objets, portraits et souvenirs intimes qui peuplent encore ce lieu oublié. Suivez-nous à l’intérieur !


Mais pas si vite ! Avant d’accéder à cette pépite, il faut franchir un mur d’enceinte en plein centre d’un village. Ce n’est pas une sinécure, surtout que c’est le premier spot de notre road portugais et que, comme à chaque fois que nous explorons dans un nouveau pays, nous sommes dans un premier temps un peu plus intimidés. Tout a toujours l’air plus dur ou dangereux quand on est loin de ses repères. Mais nous nous sommes levés à l’aube pour arpenter les rues du village endormi et, au final, la grimpette du mur n’est qu’une formalité. La villa se dresse devant nous, envahie de végétation mais sa façade en carrelages verts nous plonge tout de suite dans l’ambiance portugaise.

Une fois entrés, l’obscurité ambiante nous enveloppe, transformant les objets en des ombres indistinctes et parfois inquiétantes. Il nous faut quelques minutes pour nous y habituer et pouvoir enfin discerner les détails. Au pied de l’escalier en bois, nous découvrons émerveillés ce vitrail d’inspiration Art nouveau qui se découpe à contre-jour dans l’aube. Cela nous donne une indication sur l'origine de la villa qui doit avoir été construite au début du XXe siècle. 

À côté de la rampe, l’horloge en bois s’est arrêtée à 9h, mais de quel jour, quel mois, quelle année ? Nous ne le saurons jamais exactement. À côté, un Christ au Sacré-Cœur domine des figurines en plâtre. A en juger par ces décorations, les derniers occupants de la demeure étaient assez âgés, ce que l’exploration de chaque pièce nous confirmera.

Nous gravissons l’escalier et découvrons que la villa n’est pas en si bon état qu’il y paraissait au premier regard. Juste au-dessus du vitrail, un trou béant défigure le plafond, laissant l’humidité s’infiltrer et répandant sur le rebord de fenêtre une pluie de plâtre et de détritus. Aucun doute que le lieu est abandonné depuis plusieurs années. Plus tard, au hasard d'une rencontre lors de l'une de nos expositions, un architecte nous confirmera que la technique utilisée pour réaliser le plafond est typique de la première moitié du XXe siècle.

Suspendu au-dessus de la cage d’escalier, le luminaire d’époque ressemble à une boule de cristal résistant au temps dont les facettes répondent au vitrail.   

Sur le palier, parmi les nombreuses chambres en désordre qui indiquent que la famille D.C. devait compter plusieurs enfants, nous trouvons la chambre parentale, prestigieuse et clinquante. Ici, le déclin s’efface à nouveau pour offrir une apparence relativement lisse. Certes, le sol est poussiéreux et les murs arborent des traces sombres, signe d’humidité, mais dans l’ensemble, la pièce garde la face avec son beau plafond mouluré, son mobilier raffiné et son lustre élégant. Nous sommes à l’évidence dans une maison noble ou, à tout le moins, bourgeoise, ce que nous savions au préalable, bien entendu.    

De retour au rez-de-chaussée, nous découvrons avec plaisir que le soleil levant enveloppe le hall d’entrée d’une lumière douce et chaude qui réveille les objets, comme cette aquarelle pendue au mur ou ce bouquet de plumes posé sur un guéridon. Des bouquets de plumes, il y en a d’ailleurs dans presque toutes les pièces de vie, ce qui inspirera le nom de la villa, Penas signifiant "plumes" en portugais. Vite, nous nous empressons d’immortaliser cette aube dorée qui redonne un souffle aux lieux.

Juste à côté de ce hall bercé de lumière, la salle à manger contraste par son obscurité et la décrépitude de son plafond. Ici aussi, le plâtre jonche le sol et les objets, s’effritant sous nos pieds lorsqu’on avance les yeux rivés sur tous les détails. Des bonbonnières aux coupes en cristal en passant par les cloches décoratives renfermant un montage floral poussiéreux, nous passons tout au crible. Puis nous sommes happés au bout de la pièce par les yeux noirs et profonds de cette ancêtre qui s’est cassé la gueule avec son cadre. Imperturbable, mais un peu décontenancée tout de même.

Nous voici dans le petit salon, la pièce la plus célèbre de ce lieu dans le monde de l’urbex. Avec ses murs aux fresques végétales, son vitrail coloré, ses bouquets de plumes et son mobilier noble qui ne parvient plus à cacher sa fatigue. On s’imagine ici les conversations feutrées, les confidences et les cancans. La pièce est à l’image de la villa, dégageant une atmosphère féminine, raffinée et surannée. Pourtant, les dimensions étroites et la surcharge de mobilier en font une gageure à photographier.

Juste à côté, une dernière pièce nous attend : une salle à manger, plus confidentielle, certainement réservée aux repas du couple. Chargée en objets de toutes sortes, elle est également meublée d’un piano, de plusieurs petites armoires surmontées de miroirs et… d’un imposant coffre-fort. Bien sûr, nous avons regardé à l’intérieur, mais sans surprise il ne contenait plus rien !

Ici, les portraits sont ceux de gentilshommes à l’air sérieux et respectable, tout en moustache. Mais les objets eux, sont toujours aussi féminins et kitchs, mêlant éventails, statuettes en porcelaine et fleurs en plastique, tant et si bien qu’on ne peut tirer aucune conclusion sur qui utilisait réellement cette pièce.

Alors que nous sortons de la villa et nous retrouvons dans la jungle de broussailles, le soleil nous inonde aussitôt. Nous sommes au début de l’année et il fait anormalement chaud, même pour le Portugal. Nous traçons notre route jusqu’au mur que nous devons franchir à nouveau dans l’autre sens avec tout autant de discrétion afin de préserver la longévité du lieu.


Une fois dans la rue, nous nous sentons déjà complètement dépaysés. Chaque nation a en effet sa marque, son identité, son ambiance, même en matière d’urbex. Et cette Vivenda Penas était l’endroit parfait pour faire nos premiers pas d’explorateurs au Portugal et nous familiariser avec le style du pays. De nombreuses pépites nous attendent encore, cachées derrière des forêts de végétation…


N’hésitez pas à visiter notre page et nous suivre sur Instagram: @silent_explorers et Facebook : Silent Explorers Urbex

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